Regain de tension entre Kigali et Bujumbura

Le torchon continue à bruler entre le Rwanda et le Burundi, cette fois-ci Kigali accusant les autorités burundaises d’avoir arrêté une trentaine de ses ressortissants à la frontière entre les deux pays, et de les avoir conduit vers des destinations inconnues.

Le gouvernement rwandais s’est adressé au Burundi, par le biais de l’ambassade du Rwanda à Bujumbura et du ministère burundais des Affaires étrangères, pour protester contre cette arrestation.

La chef de la diplomatie rwandaise, Louise Mushikiwabo, qui donne cette précision sur son compte Twitter, affirme que sur la note verbale adressée à Bujumbura figurait une trentaine de noms de Rwandais, ainsi que les circonstances de leurs arrestations.

Les accusations de Kigali interviennent dans un contexte marqué par la parution d’un rapport d’Amnesty International qui a été rendu public lundi 24 août. Dans son document, l’ONG dénonce l’usage de la torture et autres mauvais traitements contre les opposants réels ou supposés au chef de l’Etat burundais Pierre Nkurunziza. Elle reproche également «le caractère arbitraire» des arrestations et détentions et l’absence d’avocats, de médecins et de visites de proches.

Bujumbura, pour sa part, affirme avoir reçu la note verbale de Kigali et procède à l’examen de son contenu. Vraisemblablement, selon des déclarations des responsables burundais, Bujumbura ne s’empresserait pas de répondre à Kigali, dans la mesure où certaines de ses requêtes adressées aux autorités rwandaises, concernant la présence des rebelles burundais au Rwanda, sont restées sans suite.

Ce regain de tension survient alors que la crise au Burundi, provoquée par le troisième mandat du président Nkurunziza, continue de s’enliser. La situation sécuritaire se dégrade de plus en plus avec des assassinats ciblés.

​Pourtant, en même temps, les autorités poursuivent la mise en place des institutions après les élections présidentielles. Le président Nkurunziza a signé, lundi, un décret nommant les membres du nouveau gouvernement burundais. L’équipe constituée d’une vingtaine de ministres est représentée, en majorité, par le parti au pouvoir, le CNDD-FDD.