Syrie : des centaines de victimes collatérales dans l’offensive contre Raqqa

Dans un rapport publié hier jeudi, l’ONG Amnesty International révèle que la coalition anti-djihadiste dirigée par les Etats-Unis contre le groupe Etat islamique a provoqué la mort de plus de 1 600 civils en 2017 durant son offensive dans la ville syrienne de Raqqa.

Amnesty International est parvenu à ce résultat au terme d’une enquête menée en collaboration avec Airwars, une ONG recensant les victimes civiles de bombardements aériens dans le monde. En plus des recherches effectuées au total pendant environ deux mois sur le terrain, avec des enquêtes sur les lieux de plus de 200 frappes et plus de 400 témoins et survivants interrogés, les deux ONG auront analysé une multitude de données, dont plus de deux millions d’images satellitaires étudiées par 3 000 volontaires de 124 pays associés au projet.

Pour Amnesty International, une grande partie des civils tués l’ont été dans « de nombreux bombardements aériens qui n’étaient pas précis et des dizaines de milliers de tirs d’artillerie qui ont été lancés de façon aveugle ». L’ONG a attribué ce bilan élevé à des failles du renseignement.

Elle a également questionné le choix de l’utilisation de vieilles bombes de type MK, moins chers que des missiles au rayon d’explosion plus restreint, qui détruisent des bâtiments entiers. Amnesty International estime que plusieurs cas documentés constituent probablement des violations du droit international humanitaire et nécessitent une enquête plus approfondie.

De son côté la coalition internationale a admis être responsable de la mort de 159 civils, soit environ 10% du nombre total recensé par Amnesty International. Cette position a poussé les auteurs de l’enquête à exhorter les principaux pays membres de la coalition, parmi lesquels les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France, à faire preuve de plus de transparence et à assumer leurs responsabilités, mais aussi à créer un fonds d’indemnisation des victimes civiles.

Ancienne capitale du califat autoproclamé par l’Etat islamique, Raqqa a été détruite à près de 80% lors de l’offensive d’envergure lancée contre elle et qui a duré quatre mois. Le 23 mars, les FDS, alliance arabo-kurde, ont annoncé la chute du « califat » de l’Etat islamique après avoir conquis cet ultime fief des djiahdistes dans l’est syrien.