L’accord de Madagascar avec une société émiratie pour la culture de 60.000 hectares fait polémique

Le Centre de Recherches et d’Appui pour les Alternatives de Développement – Océan Indien (CRAAD-OI) et le Collectif Tany ont haussé le ton, lundi 3 février, devant le manque de transparence autour d’un « accord-cadre », conclu le mois dernier, sur 60.000 ha de terres malgaches avec la société Elite Agro LLC basée à Abou Dhabi, capitale des Emirats Arabes Unis.

Les deux organisations de la société civile, engagées dans la défense des terres à Madagascar, s’indignent contre le fait que l’Etat s’évertue à dévoiler « des informations (…) au compte-gouttes avec des contradictions et des hésitations», et exigent « la divulgation en urgence » du mémorandum paraphé avec la société émiratie.

Selon un communiqué publié mi-janvier par le Ministère malgache de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, l’accord porte sur l’exploitation d’une superficie de 60.000 ha dans la zone du Bas-Mangoky, pour la culture de riz, maïs, blé, soja, pois de Cap et arachides.

Le ministère qui avait placé cet accord dans le cadre du projet d’autosuffisance alimentaire, explique que « la forme de partenariat consiste en une contribution des deux parties : l’Etat fournit le terrain sous forme de prêt du terrain (…) tandis que le groupe réalisera toutes les plantations, prendra en charge tous les équipements (…) et assurera » les salaires.

Et d’ajouter, « toute la production sera achetée par l’Etat malgache à un prix modique (…) pour approvisionner le marché local afin d’atteindre l’autosuffisance alimentaire et l’exportation».

Mais les deux plateformes dénoncent l’accaparement de terres aux populations locales, qui réduit leur marge de manœuvre. «Les patriotes des temps passés ont lutté contre la colonisation pour que les générations futures exploitent les terres de manière indépendante mais non pas pour devenir tous des ouvriers agricoles de groupes financiers étrangers », ont-elles justifié.

Le CRAAD-OI, le Collectif Tany et bien d’autres organisations locales, s’opposent à toute mise à disposition de terres malgaches à des entités étrangères, quels que soient l’investisseur, le type de transaction et sa durée.