Guinée-Ebola: Huit auteurs d’un meurtre collectif condamnés à la perpétuité  

La justice guinéenne a condamné à la réclusion à perpétuité 11 personnes, sur 26 coaccusés, auteurs du meurtre de huit membres d’une équipe de lutte contre Ebola, chargée de sensibiliser la population sur les risques de l’épidémie, dans une zone reculée du pays.

Les 15 autres accusés ont été innocentés et remis en liberté.

Les corps des huit victimes, trois responsables administratifs, deux médecins et trois journalistes, avaient été retrouvés en septembre 2014 à Womey, un village situé au sud-est du pays à 1000 km au sud-est de la capitale Conakry, où les habitants niaient la réalité du virus et se disaient être convaincus qu’il s’agit plutôt d’un «complot des Blancs» envers les noirs.

Selon le procureur qui a livré ces informations ce mercredi 22 avril, cette partie du pays est reconnue pour ses «crimes les plus odieux, cruels et barbares». Ainsi, il n’a pas caché sa satisfaction du verdict prononcé par la justice. «En tant que procureur, je demande toujours le maximum pour obtenir ce que je visais parce que je sais qu’en Guinée on n’exécute pas les peines de mort (…). Donc, c’est une bonne décision», a-t-il déclaré à l’AFP.

Mais pour les avocats de la défense, la peine s’avère lourde. «Nous avons plaidé pendant deux jours, mais nous n’avons pas été entendus et le juge Mohamed Diop a prononcé une lourde peine que nous allons contester jusqu’à la Cour suprême», a déclaré l’un deux. La défense a six jours pour faire appel de ce jugement.

D’après des observateurs, parmi les pays les plus touchés par l’épidémie de fièvre Ebola (Guinée, Liberia, Sierra Leone), la Guinée est le pays où les opérations anti-Ebola ont rencontré des réactions violentes de la part des citoyens. Un des derniers événements en date remonte à décembre 2014, lorsque des jeunes de la ville de Kissidougou, dans le sud de la Guinée, avaient empêché très violemment l’installation d’un centre de traitement d’Ebola par les Médecins sans frontières.

L’épidémie d’Ebola a déjà causé la mort de près de 10.600 personnes dans les trois pays les plus touchés en Afrique de l’Ouest.