Des organisations internationales et locales dénoncent l’amnistie en Côte d’Ivoire

Une dizaine d’organisations de défense des droits de l’homme ivoiriennes et internationales ont condamné, dans un communiqué, l’amnistie accordée lundi par le président ivoirien Alassane Ouattara à 800 condamnés, dont l’ex-première dame, Simone Gbagbo.

 

Les bénéficiaires de cette amnistie étaient pour la plupart impliquées dans les violences postélectorales de 2010 et 2011 qui avaient fait environ 3.000 morts. L’initiative du chef de l’Etat entre dans le cadre du processus de réconciliation lancé dans le pays après la crise.

 

Mais les ONG de défense des droits de l’homme estiment que les personnes emprisonnées pour crimes de guerre ou d’autres violations graves des droits de l’homme ne devraient pas être graciées.

 

«Aucune amnistie ne devrait s’appliquer aux crimes de guerre, crimes contre l’humanité et autres graves violations des droits humains commises en Côte d’Ivoire pendant la crise postélectorale de 2010-2011 », ont-elles déclaré.

 

« Le droit international exige des Etats qu’ils poursuivent les auteurs des crimes graves, tels que les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre, afin que les droits de victimes à la vérité, à la justice et aux réparations soient respectés », ont insisté les ONG, rappelant que les principaux traités internationaux signés par la Côte d’Ivoire imposent que les auteurs présumés de crimes soient poursuivis.

 

Qualifiant dans leur communiqué, d’«arbitraire» la décision d’amnistie, les ONG ont interpellé Ouattara sur la promesse qu’il a faite à plusieurs reprises de rendre justice aux victimes.

 

«Si le gouvernement ivoirien revient désormais sur ses engagements répétés de poursuivre les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, cela ouvre la voie à des procédures judiciaires devant les juridictions régionales et internationales où les lois d’amnistie ne sont pas reconnues», ont prévenu ces organisations.

 

Selon elles, « à l’approche de l’élection présidentielle de 2020, une amnistie pour les crimes les plus graves de la crise postélectorale de 2010-2011 adresserait un dangereux message, selon lequel les leaders politiques qui ont recours aux atroces pourront échapper aux sanctions, ».

 

Les signataires du communiqué sont, entre autres, Amnesty International, Human Rights Watch, la Fédération internationales des droits de l’Homme, la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme et le Club Union Africaine.