Iran : 10 ans de prison et 148 coups de fouet pour une militante des droits de l’homme

Alors qu’elle purgeait déjà une peine de cinq ans pour espionnage, l’avocate Nasrin Sotoudeh, grande militante iranienne des droits de l’homme, a été condamnée à dix ans de prison et 148 coups de fouet pour incitation à la débauche, a annoncé mardi, son mari, Reza Khandan.

Ce dernier a précisé que son épouse est poursuivie pour sept chefs d’accusation pour un total de 33 années de prison, mais «seule la peine d’emprisonnement la plus longue s’applique», en l’occurrence celle de dix ans pour «incitation à la débauche».

Selon Khandan, la condamnation à 148 coups de fouet est liée notamment au fait que Nasrin Sotoudeh s’était présentée au tribunal par le passé sans le voile islamique, dont le port est obligatoire pour les femmes dans l’espace public en république islamique d’Iran.

Les autres poursuites porteraient sur une «conspiration et propagande contre le système» politique en Iran, appartenance à une organisation de défense des droits humains interdite, participation à une campagne pour l’abolition progressive de la peine de mort en Iran ou encore «atteinte à l’ordre public».

La condamnation de Nasrin Sotoudeh a suscité de nombreuses réactions, dont celle de Karim Lahidji, président d’honneur de la Fédération internationale de la Ligue des droits de l’Homme, qui a dénoncé un jugement pour l’exemple, pour intimider l’ensemble de la société civile iranienne.

L’ONG Amnesty International a qualifié quant à elle, «d’injustice scandaleuse» cette nouvelle condamnation. A l’Assemblée nationale française, les députés français se sont levés hier mercredi pour applaudir Nasrin Sotoudeh et la soutenir dans son combat face au régime iranien.

Déjà retenue depuis neuf mois à la prison d’Evin, dans la capitale iranienne, Téhéran, Nasrin Sotoudeh âgée de 55 ans, est une militante des droits de l’homme depuis des années.

Déjà en 2015, dans le film Taxi Téhéran, censuré par le régime, elle dénonçait l’oppression dont elle était victime.

Elle s’est fait remarquer en défendant des femmes qui avaient osé braver le régime et retirer leur voile en public. Elle avait reçu au Parlement européen en 2012 le Prix Sakharov pour sa liberté de penser.