Charles Blé Goudé sera poursuivi par la justice ivoirienne

L’ancien ministre ivoirien de la Jeunesse, Charles Blé Goudé qui comparait actuellement devant la Cour pénale internationale (CPI) sur des crimes commis lors de la crise postélectorale 2010 et 2011, sera également jugé dans son pays, selon une décision annoncée jeudi par la justice ivoirienne.

L’ancien chef des Jeunes patriotes, Blé Goudé qui est toujours en résidence surveillée à La Haye au Pays-Bas, dans l’attente d’une décision de la CPI, est à présent, appelé à comparaitre devant le tribunal criminel d’Abidjan, en lien avec la même affaire.

«La chambre d’instruction (du parquet général d’Abidjan) a conclu à son renvoi devant le tribunal criminel, l’ancienne cour d’assises », a confié le procureur général de la cour d’appel, Leonard Lebry.

Selon ce dernier, Blé Goudé est poursuivi pour «des actes de tortures, d’homicides volontaires, de traitement inhumain, d’atteinte à l’intégrité physique, de viol, d’assassinats et d’attentat à la pudeur commis durant les barrages d’autodéfense dans le courant des années 2010 et 2011, et la complicité de ses crimes commis par lui-même ou ses partisans sur l’ensemble du territoire ».

Selon le procureur, « il n’y a pas identité des poursuites entre les faits jugés par la CPI et ceux examinés en ce moment par les juridictions ivoiriennes, non seulement parce qu’ils ne concernent pas les mêmes événements, mais ensuite parce qu’ils ne couvrent pas la même période. Celle visée par les poursuites en Côte d’Ivoire est plus large ».

Les avocats de la défense contestent la légitimité de la justice ivoirienne à juger Blé Goudé. «La Côte d’Ivoire avait la possibilité de le juger pour les faits relatifs à la crise postélectorale mais a décidé de le livrer à la CPI, qui l’a acquitté. Et maintenant comme par extraordinaire, cette même justice s’autosaisit pour ces mêmes faits. Ce n’est pas comme cela qu’une démocratie fonctionne », a martelé Me Claver N’dry.

Pour l’opposition, cette décision de la justice, qui intervient à un moins d’un an de la présidentielle de 2020, n’est qu’un autre fait qui témoigne des manigances du pouvoir qui veut empêcher le retour au pays des personnalités politiques influentes.