Somalie : le PM renversé suite à un vote de défiance, l’UE dénonce la procédure

L’Assemblée nationale somalienne a renversé le Premier ministre Hassan Ali Khaire, samedi lors d’une session extraordinaire à Mogadiscio, suite à un vote de défiance organisé en raison des divergences entre ce chef du gouvernement et le président Mohamed Abdullahi Mohamed, sur fond de rivalités politiques.

Le président de l’Assemblée nationale a mis, entre autres, en avant, « l’échec du gouvernement à mettre sur pied un plan précis ouvrant la voie à une élection au suffrage universel en 2021 », pour justifier le vote de la motion de censure qui a reçu 170 voix favorables contre 8.

Pour sa part, le chef de l’Etat a entériné, la même journée, la destitution de Khaire, en poste depuis fin février 2017, et a nommé par décret le vice-Premier ministre Mahdi Mohamed Guled pour continuer à gérer les affaires du gouvernement de manière intérimaire jusqu’à ce qu’un remplacement soit effectué.

D’après certains observateurs locaux, cette destitution était prévisible, compte tenu des tensions au plus haut niveau de l’Etat, mais les proches de Khaire l’ont qualifiée d’« anticonstitutionnelle ».

« La motion de censure contre le Premier ministre n’était pas à l’ordre du jour de la Chambre, aucun texte n’a été déposé détaillant la raison du vote, et il n’y a pas eu les signatures de 50 députés. Et il n’y a pas eu de débat ni de vote », ont de leur côté déclaré les partis d’opposition, dans un communiqué commun.

A l’extérieur du pays, l’Union européenne (UE) a réagi face à ce qu’il a considéré comme « un grave manque de respect pour les fondements constitutionnels » du pays.

« Les événements survenus samedi à la Chambre du peuple somalien représentent un revers pour la Somalie et pour la confiance de l’Union européenne dans les progrès de la Somalie », a déclaré Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, samedi dans un communiqué.

Il a clairement signifié que « les procédures » utilisées par les législateurs ne sont pas conformes aux « exigences constitutionnelles minimales ».

Il a enfin prévenu que son institution « examinera attentivement comment ces événements se sont produits, qui en porte la responsabilité et dans quelle mesure ils détournent la Somalie des progrès qu’elle accomplissait et qu’elle s’était engagée à réaliser auprès de ses partenaires internationaux ».