Washington sanctionne la procureure de la CPI

Les Etats-Unis ont annoncé, ce mercredi 2 septembre, des sanctions contre la procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, mettant à exécution les menaces proférées depuis quelques mois contre cette juriste gambienne qui enquête sur les crimes de guerre commis par des soldats américains.

«Aujourd’hui, nous passons de la parole aux actes», a déclaré le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, lors d’une conférence de presse, ajoutant que «nous ne resterons pas les bras croisés car notre peuple est menacé par un tribunal fantoche ». Il a déploré le fait que «la CPI continue malheureusement de viser des Américains».

Washington était monté au créneau lorsque la CPI avait autorisé, le 5 mars dernier, en appel, l’ouverture d’une enquête pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité en Afghanistan, perpétrés par différentes forces présentes dans le pays, dont l’armée américaine.

Bensouda, visait, entre autres, les exactions qui auraient été commises par des soldats américains dans ce pays où les Etats-Unis sont présents depuis 2001.

L’administration Trump est ouvertement opposée à cette enquête qui porterait atteinte à la sécurité américaine et à la politique étrangère des Etats-Unis, selon le président américain Donald Trump qui avait autorisé, en juin dernier, « des sanctions économiques contre les fonctionnaires de la CPI, directement engagés dans tout effort d’enquêter ou de poursuivre le personnel américain sans le consentement des Etats-Unis ».

Les nouvelles sanctions visent la procureure Bensouda, le Directeur de la Division de la compétence, de la complémentarité et de la coopération à la CPI, Phakiso Mochochoko, ainsi que «tout individu ou entité qui continuera à assister matériellement ces individus».

Les deux personnalités de la CPI seront inscrites sur la liste noire des Etats-Unis, leurs éventuels avoirs aux Etats-Unis seront gelés, et l’accès au système financier américain ne leur sera plus accordé. Les Etats-Unis brandissent le fait qu’ils n’ont jamais ratifié le Statut de Rome qui a créé la CPI et, de ce fait, ils ne sont pas prêts à « tolérer les tentatives illégitimes de soumettre les Américains à sa juridiction ».

La CPI a toujours dénoncé les sanctions américaines, défendu son indépendance judiciaire et affiché sa détermination à aller jusqu’au bout de ses enquêtes.