Les radios privées en grève au Tchad

Les radios privées au Tchad ont observé une « journée sans radio », mardi 1er décembre, pour protester contre la violation du siège de la radio FM Liberté par la police et contre l’arrestation d’une trentaine de journalistes, le 27 novembre à N’Djamena.

L’Union des radios privées au Tchad (URPT) « a appelé à la grève tous ses membres, soit une quarantaine de stations, après l’arrestation de près de 70 personnes, dont trente journalistes dans la matinée du vendredi 27 novembre au siège de Radio FM Liberté à N’Djamena », a indiqué le président de l’organisation syndicale, Békondo Sony, dans une déclaration.

Le mot d’ordre a été suivi par l’ensemble de stations qui ont interrompu leurs programmes durant toute la journée de mardi, en dépit de l’invitation de la Haute autorité des media et de l’audiovisuel (HAMA) de surseoir à la grève qui a coïncidé avec la date de la célébration des 30 ans du président Idriss Deby au pouvoir.

HAMA s’était rendue dans les locaux de radio FM Liberté, le jour même de l’incident, pour un constat, après l’intervention de la police. Pour elle, la décision des radios privées d’observer une journée sans radio est «extrémiste» et «contraire à l’esprit de coopération qui a toujours prévalu».

«Si nous avons décidé cette journée sans radio c’est en connaissance de cause parce qu’il y a eu à de multiples reprises, des agressions sur des journalistes et des violations des locaux de radios» privées, a insisté Békondo Sony.

Selon les autorités, l’intervention de la police dans les locaux de la radio FM Liberté avait pour but d’empêcher une manifestation interdite par le gouvernement et non pour s’en prendre à des journalistes.

« La réaction (de la police) est justifiée par la présence de l’un des organisateurs du Forum citoyen et ses complices », avait souligné le porte-parole de la police tchadienne, le commissaire Paul Manga.

Reporters sans frontières (RSF) a condamné les violences policières ainsi que l’arrestation des journalistes, et a appelé les autorités tchadiennes à laisser les hommes de médias exercer librement leur travail.

Dans le classement mondial de la liberté de la presse, établi par RSF en 2020, le Tchad occupe la 123ème position sur 180 pays au total.