RCA : La Cour pénale spéciale ouvre ses procès ce mardi

La Cour pénale spéciale (CPS), créée en 2015 par le gouvernement de la République centrafricaine (RCA), avec le parrainage de l’ONU, a entamé son premier procès, ce mardi à Bangui la capitale, dans le cadre du jugement des crimes de guerre et contre l’humanité commis depuis 2003 dans ce pays d’Afrique centrale.

Trois membres du groupe armé les 3R (Retour, Réclamation et Réhabilitation), notamment Issa Sallet Adoum, Ousman Yaouba et Tahir Mahamat, seront jugés au cours de cette première audience.

Ils sont poursuivis pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, commis en mai 2019, dans le dossier du massacre de 46 civils dans des villages du Nord-Ouest du pays. Les 3R, l’un des plus puissants groupes armés dans le pays, terrorise les populations depuis des années.

La CPS est composée de juges et procureurs aussi bien nationaux qu’internationaux, originaires en majorité du Togo, de la France et de la République démocratique du Congo (RDC). Elle dispose d’un budget annuel de 12 millions d’euros, fourni principalement par l’ONU, l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis.

Certains observateurs craignent que le travail de la CPS ne bute contre des obstacles susceptibles d’être dressés par le régime au pouvoir. Ils pointent du doigt, d’ores et déjà, le cas du ministre de l’Elevage, Hassan Bouba, ancien chef rebelle, qui avait été arrêté, il y a cinq mois, par des policiers de la CPS.

Mais Bouba avait pu regagner son ministère, sans le consentement de la CPS, avant d’être, de surcroît, décoré par le chef de l’Etat de l’Ordre national du Mérite.

La RCA a connu des années de guerre ayant fait des milliers de morts. Jusqu’à présent, les autorités peinent à rétablir la sécurité. D’une manière générale, les milices armées contrôlent les deux-tiers du territoire national.

Le président Faustin Archange Touadéra est accusé par l’ONU, l’UE et la France d’avoir fait appel à la société russe privée Wagner pour lutter contre les rebelles. Or, les éléments de Wagner, qui œuvrent aux côtés de l’armée centrafricaine, sont soupçonnés de se livrer aux exactions contre les civils, au même titre que les forces nationales et les rebelles.