Burundi : Les élections législatives et communales décalées de 10 jours

Le président burundais Pierre Nkurunziza, confronté à une profonde crise politique dans son pays, a reporté au 5 juin les élections législatives et communales prévues initialement le 26 mai, a annoncé la présidence.

« Les Burundais sont appelés aux élections des conseils communaux et des départements le 5 juin », a déclaré Willy Nyamitwe, conseiller en communication du président. La date du 2 juin marque la fin de la campagne électorale.

Selon lui, en signant ce décret de report, le chef de l’Etat a suivi une recommandation de la Commission électorale (Céni) et répondu aux demandes de l’opposition politique burundaise et de la communauté internationale. La capitale burundaise Bujumbura est le théâtre depuis plus de trois semaines de manifestations d’opposition à un troisième mandat du président Nkurunziza: celui-ci est officiellement candidat au scrutin présidentiel qui suivra les législatives et communales, en principe le 26 juin.

Ce mouvement de contestation populaire, interdit par le pouvoir, a été émaillé de heurts violents entre manifestants et policiers ou jeunes du parti au pouvoir. Une vingtaine de personnes ont été tuées. Terrorisés par le climat pré-électoral, plus de 100.000 Burundais, selon l’ONU, ont aussi fui ces dernières semaines dans les pays voisins, au Rwanda, en République démocratique du Congo et en Tanzanie.

Dans ce contexte tendu, le président Nkurunziza a déjoué la semaine dernière une tentative de coup d’Etat de généraux et de commissaires de police, qui, lui reprochant de se représenter pour un nouveau mandat présidentiel « au mépris » de son peuple, ont tenté de le destituer alors qu’il était en déplacement officiel en Tanzanie.

Les opposants à un troisième mandat de Pierre Nkurunziza, déjà élu en 2005 et 2010, le jugent anticonstitutionnel et surtout contraire aux accords de réconciliation nationale signés à Arusha en 2000, qui avaient ouvert la voie à la fin de la longue guerre civile burundaise (1993-2006).

Ces dernières semaines, les communautés internationale et régionale – Etats-Unis, Européens, mais aussi Union africaine ou pays d’Afrique des Grands Lacs – ont appelé à un report des élections, jugeant le climat pas propice à leur tenue.