Tunisie: Critiqué de toutes parts, le Président Kais Saied démet la cheffe du gouvernement, Najla Bouden

Le Président tunisien Kais Saied a démis de ses fonctions la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, mardi, et l’a remplacée par Ahmed Hachani, dans un contexte de blocage politique depuis que le président s’est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021, et en pleine crise migratoire qui voit l’expulsion de milliers de migrants subsahariens de Tunisie et leur abandon en plein désert.

Le gouvernement Bouden a connu depuis sa nomination plusieurs limogeages, le dernier datant du mai dernier où la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, Neila Nouira Gonji, a été démise de ses fonctions. En mars dernier, le ministre tunisien de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, avait démissionné de son poste.

Essuyant les critiques pour sa gestion économique qui a jeté des millions de tunisiens sous le seuil de la pauvreté, Kais Saied avait opéré un mini-remaniement ministériel en début d’année. Mais la crise interne persiste, doublée d’une bronca internationale contre sa gestion migratoire qui confine à la xénophobie et au racisme.

Le Secrétaire général de l’ONU a dénoncé mardi les « expulsions » de migrants d’Afrique subsaharienne de Tunisie vers les frontières libyenne et algérienne où ils se retrouvent abandonnés en plein désert, certains y trouvant la mort, selon un porte-parole d’Antonio Guterres.

« Nous sommes profondément préoccupés par l’expulsion de migrants, réfugiés et demandeurs d’asile de Tunisie vers les frontières avec la Libye, et aussi avec l’Algérie », a déclaré Farhan Haq.

« Plusieurs sont morts à la frontière avec la Libye et des centaines, dont des femmes enceintes et des enfants demeurent, selon des informations, coincés dans des conditions extrêmement difficiles avec peu d’accès à de l’eau et de la nourriture », s’est indigné le porte-parole.

Marchant jusqu’à l’épuisement, des migrants d’Afrique subsaharienne arrivent quotidiennement par centaines en Libye, après avoir été abandonnés à la frontière, en plein désert, par les forces de sécurité tunisiennes, selon leurs témoignages et ceux de gardes-frontières libyens.

Farhan Haq a dit « réitérer l’appel lancé la semaine dernière par le HCR et l’OIM pour que ces expulsions cessent immédiatement et que ceux coincés à la frontière soient réinstallés en urgence dans des endroits sûrs ».