Un projet de révision constitutionnelle au Togo, divise la classe des opposants

Des débats en cours au Parlement togolais autour d’une proposition de révision constitutionnelle ont fuité dans l’opinion ces derniers jours suscitant des réactions contrastées auprès de divers opposants togolais.

Le projet de révision constitutionnelle en branle porté par des députés dont l’identité n’a pas encore été révélée, vise à faire passer le Togo du régime présidentiel à un régime parlementaire «en renforçant la démocratie, la séparation des pouvoirs, l’amélioration de la stabilité gouvernementale, et l’adaptation aux évolutions socio-politiques du pays de ces dernières années».

Innocent Kagbara du PDP (Parti démocratique panafricain, parti parlementaire) livre une lecture optimiste de cette démarche: «Il faut une Constitution qui nous ressemble, adaptée à nos réalités, et dépourvues des tares contenues dans la Constitution de 1992. Nous faisons partie de ceux qui veulent des démarches novatrices faisant du benchmarking auprès de différents modèles constitutionnels sous divers régimes démocratiques».

L’opinion doit cesser de lire uniquement dans cette perspective de modification constitutionnelle «la remise à zéro du compteur présidentiel», ajoute le président du PDP qui ne dispose que d’un siège dans l’actuelle législature (2018-2023).

L’ANC (Alliance nationale pour le changement, parti extra-parlementaire) lit dans ce projet de révision constitutionnelle «une démarche perfide, une forfaiture à retirer immédiatement, d’autant plus qu’elle vient de députés dont le mandat a expiré fin décembre 2023».

«Il s’agit d’une velléité de mettre en place une nouvelle Constitution qui fait changer de régime au Togo, avec pour corollaires, la remise à zéro du compteur présidentiel, et le report du scrutin prévu au Togo en 2025 selon le calendrier républicain», a critiqué ouvertement Jean-Pierre Fabre, président national de l’ANC.

Dans la même veine, la formation politique ADDI (Alliance des démocrates pour un développement intégral) demande à «Faure Gnassingbé d’arrêter cette initiative inopportune, et se joint à toute initiative citoyenne pour bloquer toute nouvelle forfaiture politique au Togo».

Cette proposition parlementaire de modification constitutionnelle intervient au moment où les électeurs togolais s’apprêtent à retourner aux urnes le 20 avril 2024. 113 députés et 179 conseillers régionaux vont être élus lors des premières élections couplées (législatives et régionales) du processus démocratique au Togo. 12 mille éléments des Forces de sécurité ont terminé leur formation ce 17 mars 2024 dans le cadre de leur encadrement de ces élections à venir dans 14.271 bureaux de vote.