L’ONG Human Rights Watch (HRW) a dénoncé, mardi 14 octobre, la « détention injuste » de huit travailleurs humanitaires de l’Organisation internationale des ONG pour la sécurité (INSO) qui « contribuaient à faire face à la crise humanitaire » au Burkina Faso ; appelant les autorités de Ouagadougou d’abandonner immédiatement les accusations infondées portées à leur encontre et de les libérer.
L’organisation de défense des droits de l’homme rappelle que les services de renseignement burkinabè ont arrêté, fin juillet passé à Ouagadougou, le français Jean-Christophe Pégon, directeur d’INSO, et en août, les forces de sécurité ont interpellé sept autres membres du personnel de l’INSO, dont quatre citoyens burkinabè et trois étrangers.
Ouagadougou les a accusés publiquement d’« espionnage » et de « trahison », du fait « de collecter et de fournir à des puissances étrangères des informations sensibles en matière de sécurité ». Mais jusqu’ici, la justice n’a pas fixé de date pour le procès, a déploré HRW.
Selon Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur le Sahel à HRW, « l’arrestation par le gouvernement burkinabè de huit travailleurs humanitaires en pleine crise humanitaire envoie un message troublant, à savoir que les organisations travaillant dans ce domaine opèrent au gré d’une junte qui semble se soucier peu des personnes dans le besoin. »
« Les autorités devraient immédiatement abandonner toutes les accusations portées contre les employés de l’INSO, les libérer et permettre aux organisations humanitaires d’opérer librement et en toute sécurité », a-t-elle ajouté.
L’ONG estime que leur « détention arbitraire s’inscrit dans un contexte plus large d’actions gouvernementales contre les organisations non gouvernementales nationales et internationales à un moment où l’espace civique au Burkina Faso est de plus en plus réduit. »
De son côté, l’INSO, spécialisée dans la sécurité humanitaire, qui a rejeté les accusations de Ouagadougou, a laissé entendre qu’ « associer notre travail de renforcement de la sécurité des humanitaires à des activités de renseignement est non seulement faux, mais ne fera qu’accroître les risques pour les travailleurs humanitaires. »
L’INSO est active dans 26 pays, et opère au Burkina Faso depuis 2016. En vertu du droit international humanitaire, il est interdit aux parties belligérantes de harceler, d’intimider et de détenir arbitrairement le personnel de secours humanitaire, a rappelé HRW.