Amnesty International alerte sur le massacre oublié des civils par les ADF en RDC

Les Forces démocratiques alliées, un groupe armé lié à l’État islamique et communément appelé ADF, enlèvent et tuent des civils à une fréquence alarmante dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), a affirmé ce jeudi 25 décembre, l’ONG Amnesty International, dans un nouveau rapport, dénonçant un «conflit oublié» par la communauté internationale.

Rawya Rageh, chercheuse chargée d’enquêter pour Amnesty sur les crimes de guerre et les violations commises dans les situations de crise, s’était rendue au Nord-Kivu en novembre dernier pour enquêter sur les violations commises par les ADF dans la partie orientale de la RDC.

Selon les témoignages recueillis sur place auprès des rescapés ou des otages libérés, les combattants des ADF, armés de fusils et de machettes, ont récemment encore incendié des maisons dans des villages, tué et abusé des femmes et des filles en les réduisant à l’esclavage sexuel.

Rageh déplore que la couverture médiatique mondiale de ces attaques soit dérisoire, relevant que les journaux se concentrent beaucoup plus, sur les processus de paix menés par les États-Unis et le Qatar dans le cadre du conflit avec le Mouvement du 23 mars (M23) soutenu par le Rwanda.

« Alors que l’attention internationale et nationale s’est tournée vers les avancées du M23 au début de l’année 2025, les ADF ont profité du détournement de cette attention et des mouvements de troupes sur le terrain» pour accomplir leur forfait, a-t-elle assuré, ajoutant que la cruauté caractéristique des ADF s’est aggravée tant en termes d’intensité que de portée géographique.

Rawya Rageh a appelé la communauté internationale à intensifier ses efforts pour aider les autorités congolaises à venir en aide aux personnes survivantes, protéger les civils, enquêter et poursuivre les responsables présumés des crimes de guerre généralisés commis par les ADF. Le monde ne peut pas continuer à ignorer les atrocités commises par les ADF dans l’est du pays, a insisté la chercheuse.

Les ADF, originaires d’Ouganda, sont installés dans l’Est de la RDC, disséminés dans des forêts denses, depuis le début des années 2000. Les forces armées de la RDC et leurs homologues ougandais (UPDF) mènent une opération conjointe contre ce groupe depuis 2021, sans parvenir à le neutraliser jusqu’à cette date.