Les dirigeants africains très remontés contre la CPI

Les chefs d’Etat africains sont de plus en plus nombreux à se prononcer en faveur d’un retrait de leur pays de la Cour pénale internationale (CPI).

Les dernières déclarations dans ce sens ont été faites ce week-end, lors du 26e sommet de l’Union africaine (UA) à Addis Abeba (Ethiopie).

L’initiative est venue du président kényan, Uhuru Kenyatta, qui a plaidé pour un retrait des pays africains du statut de Rome (1998) qui fonde la CPI. Devant ses pairs de l’UA, Kenyatta a exhorté que soit incluse dans les résolutions du conseil de l’UA à adopter, «l’élaboration d’une feuille de route pour le retrait de la CPI».

Sans surprise, des propositions auraient été adoptées dans ce sens, à huis-clos, par l’assemblée des chefs d’Etat présents, tant les grognes fusaient parmi les responsables africains. Mais leur contenu n’a pas encore été rendu public.

Les dirigeants africains reprochent à la CPI de ne s’occuper que des cas d’Africains. «La CPI s’acharne beaucoup plus sur l’Afrique, sur les chefs d’Etat africains, y compris des chefs d’Etat en exercice, (…) qu’ailleurs dans le monde» où l’on dénote aussi de violations flagrantes des droits de l’Homme, a déclaré le président tchadien et nouveau président en exercice de l’UA, Idriss Déby Itno.

Pour le président sud-africain, Jacob Zuma a déclaré au nom de son pays, qu’«il est maintenant impossible pour l’Afrique du Sud de continuer à participer au statut de Rome.»

Devant ce principe dénoncé de «deux poids, deux mesures», les chefs d’Etat africains ont décidé, d’après Driss Déby, d’harmoniser leur position «en attendant que la CPI prenne la mesure de l’importance de la position africaine sur cette question».

Parmi les dossiers qui ont fait monter le ton dans le continent africain, figure celui du président kenyan, Uhuru Kenyatta pour qui la Cour avait finalement renoncé à ses poursuites, du vice-président kenyan, William S. Ruto, et du président Soudanais, Omar el-Béchir.

La CPI, entrée en fonctions depuis le 1er juillet 2002, a déjà ouvert des enquêtes sur des dirigeants de huit pays africains. La semaine passée, elle a ouvert le procès de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, poursuivi pour crimes contre l’humanité.