Fuites d’oléoducs : Shell préfère être jugé au Nigeria et non à Londres

Le groupe pétrolier SPDC, filiale nigériane de Shell qui fait l’objet d’une plainte déposée par les communautés nigérianes de Bille et Ogale, pour la pollution de leurs terres suite aux fuites du brut des oléoducs dans la région du Delta du Niger, estime qu’aucune juridiction en dehors du Nigeria, n’est  compétente pour prononcer son jugement dans ladite affaire.

Le groupe pétrolier anglo-néerlandais Shell a contesté ce mardi devant la Haute Cour de Londres, le recours engagé par des milliers de Nigérians qui l’accusent de pollution, affirmant que l’affaire devrait être jugée devant les tribunaux du Nigeria.

Pour Shell, un procès contre sa filiale nigériane SPDC devrait être engagé au Nigeria, où les faits se sont produits  et non en Europe. Alors que plus de 40.000 Nigérians ont formé deux recours collectifs pour demander des comptes au géant pétrolier, qu’ils tiennent pour responsable des fuites d’oléoducs ayant détruit les terres et pollué les étangs à Bille et à Ogale.

Cette affaire concerne « fondamentalement des problèmes nigérians », a déclaré devant la Haute Cour l’avocat de Shell et de SPDC, Peter Goldsmith, en soulignant que les « dégâts matériels présumés étaient tous » localisés au Nigeria.

L’avocat a estimé que les plaignants cherchaient à « persuader une cour anglaise d’exercer sa juridiction sur la SPDC, une entreprise nigériane domiciliée au Nigeria et ayant toujours opéré exclusivement au Nigeria ».

Mais pour le roi de la communauté Ogale, Emere Godwin Bebe Okpabi, la justice britannique représente le dernier espoir pour mettre fin à la pollution. « Shell, c’est le Nigeria, autant que le Nigeria, c’est Shell. Jamais vous n’allez gagner contre Shell devant un tribunal nigérian », a soutenu Emere Godwin Bebe Okpabi, affirmant que «le système judiciaire nigérian est miné par la corruption».

Les deux communautés nigérianes attendent de la justice britannique, de contraindre Shell à accepter les conclusions d’une enquête de l’ONU qui le rendait responsable de la pollution dans la région du Delta du Niger.

Plus grand producteur de pétrole du Nigeria, Shell conteste également ces accusations en soulignant que « Bille et Ogale sont deux régions durement touchées par le vol de pétrole, le sabotage des oléoducs et le raffinage illégal qui restent les principales sources de pollution dans le Delta du Niger».