Les autorités camerounaises se livrent aux arrestations des leaders anglophones

Le mouvement séparatiste anglophone camerounais, Southern Cameroons national council (Scnc), et la Cameroon anglophone civil society consortium (Cacsc), une organisation favorable au fédéralisme, ont déploré l’arrestation de cinq leaders dans leur rang, depuis l’interdiction de leurs activités infligée mardi par le ministre de l’Administration territoriale (Intérieur).

Ces responsables seraient arrêtés par les éléments du Groupement mobile d’intervention (GMI). Les forces de sécurité ont présenté certaines personnes arrêtées comme des précurseurs des violentes manifestations de Bamenda (le chef-lieu de la région du Nord-Ouest) le 8 décembre 2016. Les services de renseignements auraient trouvé chez ces personnes des drapeaux de la sécession, des milliers de tricots, des fiches de retrait d’argent.

La crise se durcit dans les deux régions anglophones du pays, engagées dans un bras de fer avec le pouvoir central depuis plus d’un mois. Les partisans des deux organisations se sont soulevés après l’arrestation de leurs leaders, mais ont été maîtrisés par les forces de l’ordre.

Dans les deux zones en ébullition, l’internet a été coupé et une des radios les plus écoutées a été interdite de continuer d’émettre ses émissions. La coupure de l’internet serait justifiée par une campagne du gouvernement contre la diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux. Les autorités ont averti les internautes que les insoumis peuvent encourir des peines de prison.

Une vingtaine d’avocats se sont constitués pour la défense des sécessionnistes. L’Union africaine a, dans un communiqué, encouragé les différentes parties au dialogue. Elle a condamné la vague d’arrestation en cours et dénoncé les violences exercées aussi bien par les forces de l’ordre que par les sécessionnistes anglophones qui empêchent aux enfants d’aller à l’école.

Depuis novembre, la minorité anglophone qui représente moins de 20% de la population camerounaise dénonce sa «marginalisation» par les francophones. Les autorités rejettent catégoriquement le fédéralisme ou la sécession prônés respectivement par les deux organisations en cause. Les négociations entre les différentes parties ont jusque-là échoué.