La Haute Cour sud-africaine de Johannesburg a estimé ce jeudi 4 décembre dans un arrêt, que les pouvoirs publics ont «le devoir d’agir pour empêcher les groupes d’autodéfense xénophobes anti-immigrants de bloquer l’accès aux cliniques et hôpitaux aux étrangers sans-papiers».
La Haute Cour a spécifiquement ordonné à l’Etat de «prendre toutes les mesures raisonnables pour assurer un accès sûr et sans entraves (…) à toutes les personnes sollicitant les services de santé» avec au passage, une dénonciation de la «xénophobie».
Aux yeux de la Haute Cour, cette xénophobie est actuellement «l’une des plus grandes menaces pour la démocratie et les droits humains en Afrique du Sud. C’est simplement une autre forme de racisme», a insisté le juge Wilson.
Les institutions publiques comme les municipalités, le ministère de la Santé et la Police, ont «le devoir de prendre les mesures nécessaires pour empêcher des groupes d’autodéfense xénophobes de bloquer l’accès aux établissements de santé publics», a clairement signifié cette Haute Cour dans son nouvel arrêt.
Une sortie judiciaire qui vise expressément des membres du groupe d’autodéfense «Opération Dudula». Ces derniers manifestent depuis des mois devant des cliniques des provinces du Gauteng, la plus riche de ce pays fédéral et du KwaZulu-Natal, en contrôlant de manière éhontée les cartes d’identité et en interdisant l’accès aux personnes non sud-africaines.
En novembre 2025, la Haute Cour de Johannesburg avait déjà ordonné «à l’Opération Dudula de mettre fin à ces blocages illégaux», mais des opérations sporadiques s’étaient poursuivies devant certains établissements sanitaires du pays.
Des ONG comme Médecins sans Frontières (MSF) et Treatment Action Campaign ont fait valoir ces dernières semaines, devant les tribunaux, que l’action de l’Etat face à ces blocages «reste insuffisante».
Pays le plus industrialisé du continent africain, l’Afrique du Sud recense actuellement plus de «2,4 millions d’immigrants» sur son sol, soit 4% de sa population, selon des chiffres officiels, malgré son taux national de chômage oscillant en ce moment, aux alentours de 32%.
