Burundi : Les «cotisations forcées» continuent à susciter la polémique

Le système de cotisations mis en place par le parti au pouvoir au Burundi, le CNDD-FDD, devant contribuer au développement, ne convainc toujours pas la société civile qui dénonce des «cotisations forcées» en faveur du parti présidentiel.

Ce système est officiellement présenté comme un moyen pour participer au développement local ou pour manifester la solidarité avec les communes affectées par la crise alimentaire.

Dans ce sens, tous les citoyens, membres ou non du parti au pouvoir, sont concernés. Le montant des cotisations varie en fonction de la profession. La tâche a été confiée au Imbonerakure, la jeunesse du CNDD-FDD, de veiller à l’acquittement de ces cotisations.

Pour plusieurs membres de la société civile et de simples citoyens, ces cotisations obligatoires servent en réalité à financer la construction des permanences du parti ou de monuments lui appartenant. Certains habitants témoignent qu’ils ont été forcés de payer et ont obtempéré pour éviter de subir des représailles.

Mais les responsables du CNND-FDD qui défendent bien les avantages des cotisations, n’ont reconnu que la construction d’une permanence du parti sur une colline de Cibitoke qui avait bénéficié des contributions «volontaires».

Dans cette ville, le gouverneur aurait exigé, selon le témoignage des habitants, que soient affichées les listes des personnes qui n’auraient pas encore payé les cotisations pour le développement.

Toujours d’après des témoignages, dans de nombreuses communes du pays, les autorités exigent la présentation d’un reçu attestant du paiement de la cotisation pour la construction des écoles, avant de pouvoir inscrire son enfant dans un établissement scolaire. Les habitants qui sont déjà frappés par une grave crise économique et politique que traverse le pays, se disent consternés par ces nouvelles mesures.

L’opposition a dénoncé une «dérive totalitaire» du parti au pouvoir qui s’érige en un appareil étatique. Dans le milieu diplomatique, l’ambassadeur de France au Burundi a reconnu que l’argent, des cotisations obligatoires, servirait à financer les activités du CNDD-FDD ainsi que les monuments à sa gloire qui «poussent comme des champignons.»