Rwanda : Le porte-parole de l’opposante Victoire Ingabire assassiné

Le porte-parole de l’opposante rwandaise, Victoire Ingabire, a été assassiné dans la nuit du vendredi à samedi dernier, a déclaré dimanche un responsable gouvernemental, précisant qu’une enquête a été ouverte sur cette affaire.

Le corps d’Anselme Mutuyimana qui a été retrouvé samedi, ne présentait aucun autre signe extérieur de blessures, à part le sang dans sa bouche, selon un parent de la victime.

Les circonstances du drame restent encore floues. Toutefois, Ingabire aurait confié à l’agence Reuters, que des témoins avaient décrit des hommes en uniforme de la police dans une voiture rouge arrêtant Mutuyimana dans la zone ouest de Mahoko.

Pour Ingabire, une des principales figures de l’opposition au Rwanda et leader du parti des Forces démocratiques unifiées, il s’agit sans aucun doute d’un assassinat politique et la justice devrait faire son travail.

«Je trouve très déplorable dans notre pays que l’assassinat des opposants devienne monnaie courante. Il est le deuxième de mon parti à être assassiné en deux ans», a-t-elle indiqué.

Elle a aussi manifesté son indignation devant le silence du gouvernement rwandais et d’autres pays. « Ça me choque parce que dans d’autres pays, si quelqu’un est tué, surtout s’il est membre de l’opposition, tous les pays demandent des explications au gouvernement. Mais au Rwanda, on tue des gens, le gouvernement lui-même ne dit rien, les autres pays ne disent rien, donc on dirait que le Rwanda est un pays à part et que personne ne doit dire quoi que ce soit», a regretté l’opposante.

Anselme Mutuyimana, 30 ans, était un cadre de l’opposition. Il avait été reconnu coupable et condamné à six ans de prison, en 2014, après avoir organisé un meeting et était sorti de prison en 2018. La même année, Victoire Ingabire, qui a passé six années en prison, a été graciée par le président Kagame.

Des défenseurs des droits de l’homme accusent régulièrement le chef de l’Etat rwandais d’éliminer discrètement ses potentiels rivaux sur l’échiquier politique national.
En 2010, le vice-président du Parti vert démocrate, Andre Kagwa Rwisereka, a été retrouvé mort. Mais Kagame a toujours balayé d’un revers de main toutes les accusations portées contre sa personne.