Huawei accusé de collaborer avec les autorités algériennes dans l’espionnage de l’opposition

Le quotidien américain «The Wall Street Journal» (WSJ) a évoqué le rôle du groupe chinois «Huawei» en Algérie dans un long article publié jeudi, portant sur l’aide apportée par des experts du géant chinois des télécoms à des régimes africains, entre autres l’Ouganda et la Zambie.

D’après le WSJ qui a tiré ces informations d’Ouganda, la direction de Huawei a recommandé aux autorités de ce pays d’aller étudier un système de surveillance des opposant, installé en Algérie, où l’ancien «autocrate vieillissant» Abdelaziz Bouteflika au «pouvoir depuis vingt ans» voulait savoir ce que « mijote » l’opposition.

Ainsi, rappelle le journal américain, en septembre 2017, une délégation ougandaise a été dépêchée dans ce pays maghrébin pour «étudier le système de vidéosurveillance à Alger, qui comprenait des centres de surveillance de masse et de cyber-surveillance».

Une autorité ougandaise a confié au WSJ qu’ils ont parlé en Algérie «du piratage d’individus dans l’opposition qui peuvent constituer une menace pour la sécurité nationale». «Les Algériens sont avancés dans ce domaine», a assuré le même responsable.

«The Wall Street Journal» affirme avoir eu accès à un rapport classé préparé rédigé conjointement par les services de sécurité ougandais et algériens. Dans ce document, le système de surveillance mis en place en Algérie, précise le journal, est qualifié de «système intelligent de vidéosurveillance de Huawei».

Quelques mois après, le responsable de la police ougandaise de l’époque, Kale Kayihura, avait conclu «un accord de coopération avec l’Algérie pour qu’une équipe algérienne le conseille sur le déploiement du programme ougandais de surveillance mis en œuvre par Huawei». Le conseiller algérien est présenté par des autorités ougandaises comme un « cyber-expert formé au siège de Huawei à Shenzhen».

Selon le WSJ, Huawei a déclaré n’avoir « jamais vendu des solutions de surveillance (sold safe city solutions)» en Algérie. Et malgré de multiples tentatives, le journal américain n’a pu recueillir les commentaires du ministère algérien des Affaires étrangères, ni de l’ambassade d’Algérie en Ouganda, ni de l’ex-chef de la police ougandaise, Kale Kayihura, qui est assigné à résidence depuis juin 2018 et poursuivi pour diverses infractions, entre autres la distribution illégale d’armes gouvernementales à des milices civiles.