Des parlementaires européens ont émis mercredi «des doutes» sur la volonté du président tunisien Kais Saied à engager «un véritable dialogue» avec les partis politiques et la société civile.
«Il y a des doutes parmi beaucoup de nos interlocuteurs que le président ait la volonté d’écouter et de réagir à leurs propositions» de dialogue, a déclaré devant la presse Michael Gahler, un parlementaire allemand du PPE (centre-droit) et chef de la délégation.
Pendant trois jours, la mission de quatre parlementaires — M. Gahler, l’Espagnol Javier Nart (Renew Europe, libéral), le Suédois Jakop Dalunde (Verts) et l’Italien Andrea Cozzolino (centre-gauche) — a rencontré de nombreux acteurs du paysage politico-syndical tunisien.
Dans un communiqué, la délégation a appelé «de toute urgence les Tunisiens à s’engager dans un dialogue tuniso-tunisien global et structuré, incluant des représentants du gouvernement, des partis politiques, des syndicats, de la société civile et des organisations féministes».
Selon M. Gahler, la délégation a demandé à M. Saied un «dialogue national véritable et inclusif» avant un référendum constitutionnel prévu le 25 juillet et des législatives le 17 décembre.
Fin mars, le président Saied avait prononcé la dissolution du Parlement, huit mois après l’avoir suspendu pour s’arroger les pleins pouvoirs en juillet 2021. Cette décision a été prise quelques heures après la tenue d’une réunion virtuelle de 120 députés, à l’appel d’une instance de direction du Parlement, bravant la suspension des activités de l’assemblée.
Saied a qualifié cette réunion de «tentative de coup d’Etat, qui a échoué ». Il a accusé les participants de «comploter contre la sécurité de l’Etat» et demandé à la ministre de la Justice, Leila Jaffel, d’engager des poursuites à leur encontre.