Burkina Faso : Grogne généralisée contre le nouveau président Kaboré

Le nouveau président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, qui a pris les rênes du pays en décembre dernier, fait déjà l’objet de plusieurs critiques de la part de l’opposition et de la société civile.

Alors qu’au début de ce mois d’avril, Kaboré dressait un bilan positif des 100 premiers jours de son mandat, l’opposition a publié ce mardi, un mémorandum de quatorze pages, relevant des «hésitations» et des «tâtonnements» ayant marqué le début de l’exercice du chef de l’Etat.

Dirigée par le candidat malheureux à la présidentielle, Zéphirin Diabré, l’opposition accuse Kaboré de manquer «d’idées neuves» et de «puiser dans le réservoir de l’ancien régime dont il fut acteur, en recyclant de veilles recettes ou en prolongeant des actions déjà programmées.»

«Les Burkinabè attendaient de voir durant les 100 premiers jours, au moins les prémices d’un vrai changement. Ils sont déçus !», commente le mémorandum. L’opposition condamne aussi l’attitude du nouveau régime qui ne s’emploie qu’à «accuser» la Transition de tous les maux.

Du côté de la société civile, la Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC), qui regroupe une vingtaine de syndicats et d‘organisations de la société civile, dénonce une «faillite» du système judiciaire et s’inquiète du statu quo relatif à la situation sociale des populations qui n’aurait pas connu d’amélioration.

«Il est à noter qu’à ce jour, lumière n’a été faite ni sur les dossiers des martyrs de l’insurrection, ni sur celui des victimes du coup d’Etat du 15 septembre 2015, ni sur les dossiers antérieurs de crimes de sang et des crimes économiques», déplore le président de la Coalition, Chrisogone Zougmoré, déclarant assister au contraire, «à des libérations tous azimuts des détenus, sans la moindre explication».

La Coalition reproche également au gouvernement de n’avoir rien fait, trois mois après son installation, pour apporter un début de solution aux problèmes des populations. Elle menace de descendre dans la rue pour exiger de meilleures conditions de vie et de travail, avec le soutien de l’opposition qui s’est déjà déclarée disposée à participer à une éventuelle grande manifestation contre le régime en place.