Maroc: Une analyste américaine diagnostique l’affaire Mouhcine Fikri

Au Maroc, alors que l’enquête judiciaire sur la mort du vendeur de poisson Mouhcine Fikri se poursuit encore, l’analyste américaine Sarah Yerkes a publié mercredi un long article sur le site « www.brookings.edu », analysant la signification des dernières manifestations qui ont eu lieu en protestation contre la mort tragique du poissonnier, et expliquant la « différence majeure » entre ces protestations sociales et celles ayant été à l’origine du déclenchement du printemps arabe.
Intitulé « Why Morocco’s protests won’t usher in another Arab Spring », ou « Pourquoi les protestations au Maroc ne mèneront pas à un autre printemps arabe », ce long article d’analyse relate les derniers incidents ayant eu lieu dans les grandes villes marocaines. Pour l’auteure de l’article, si effectivement l’affaire de Mouhcine Fikri ressemble à peu de choses près à celle ayant provoqué le Printemps Arabe à partir de la Tunisie à la fin de 2010, l’analogie s’arrête à ce niveau.
Le Maroc est en effet une monarchie séculaire, adossé à de solides institutions représentatives qui le protègent des soubresauts révolutionnaires qui ont caractérisé les pays arabes au cours des six dernières années. Le roi Mohammed VI, en plus d’être le chef de l’Etat, dispose également du statut religieux de « Commandeur des Croyants » qu’il tire d’une légitimité historique de plusieurs siècles.
Si les révoltes arabes avaient pour point commun de pointer du doigt les régimes autocratiques et despotiques qui sévissaient jusque-là, au Maroc la situation est tout autre, estime l’écrivaine américaine. Les dernières manifestations qui ont eu lieu dans les grandes villes du pays ont prouvé que la cible des protestataires étaient les élus locaux ainsi que les fonctionnaires corrompus.
Sarah Yerkes met ainsi en exergue les « différences majeures » entre les manifestations au Maroc qui pointaient la corruption et l’abus de pouvoir des responsables locaux, et les violences de 2011 dont plusieurs pays arabes de la région continuent encore de subir les conséquences désastreuses.