Le Burkina Faso dénonce la suspension de délivrance de visas par l’ambassade américains à Ouagadougou

Le ministère burkinabè des Affaires étrangères a confirmé, jeudi, la suspension temporaire de délivrance du visa américain au Burkina Faso, citant une note verbale reçue plus tôt de la part de l’ambassade des Etats-Unis à Ouagadougou, qui a réorienté les demandeurs de visa burkinabè vers l’ambassade des Etats-Unis à Lomé, la capitale togolaise.

Si l’ambassade américaine justifie cette décision par le fait que le Burkina fait partie des pays dont les ressortissants détenteurs de visa touriste ou étudiant ne respectent pas les consignes de séjour sur le sol américain, pour la diplomatie burkinabè les mobiles de cette mesure sont à rechercher plutôt ailleurs.

Intervenant sur le plateau du journal de 20 heures de la télévision nationale, le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Jean Marie Traoré a évoqué « un moyen de pression et de chantage face au refus catégorique » du Burkina d’adhérer à la politique migratoire de l’administration américaine qui consiste à expulser des ressortissants africains qui ne seraient pas à jour avec les règles de résidence aux Etats-Unis et «considérées comme indésirables».

Traoré a laissé entendre qu’à plusieurs reprises, les autorités burkinabè ont été sollicitées pour accueillir des personnes qui seraient expulsées dans le cadre de cette politique migratoire ; une proposition récurrente qui se serait intensifiée avec la mesure de gratuité de visa adoptée par le Burkina Faso.

Le ministre Jean Marie Traoré a noté que « cette proposition jugée indécente » est contradictoire avec la vision du président burkinabè, Ibrahim Traoré, fondée sur la dignité et le respect mutuel, avant d’ajouter que le Burkina reste « une terre d’accueil, une terre ouverte à tous les Africains qui manifesteront le désir de venir en toute liberté », « une terre de dignité et non une terre de déportation».

Tout en réaffirmant la disponibilité du Gouvernement à poursuivre le dialogue dans le respect mutuel avec la partie américaine, le ministre a rassuré que des mesures seront prises conformément au principe de réciprocité en vigueur dans les relations internationales.

Par ailleurs, le chef de la diplomatie burkinabè a précisé que la décision de l’ambassade américaine au Burkina n’a aucun lien avec l’arrivée en fin octobre 2025, des afro-descendants qui ont décidé de leur propre chef de venir au Burkina Faso pour renouer avec leur propre histoire.