La vente des actifs de Shell-Gabon inquiète ses salariés

Le géant pétrolier Shell signera courant janvier un accord de vente de ses actifs au Gabon avec le fonds d’investissement américain Carlyle, une situation qui inquiète ses 400 salariés qui ont décidé, mardi, de durcir leur grève entamée le 12 janvier, jusqu’à l’arrêt total de la production.
«Nous nous réservons le droit d’appliquer la grève dans sa dureté, c’est-à-dire zéro production de Shell Gabon, zéro production de Total transitant par Shell», déclarait lundi un responsable de l’Organisation nationale des employés du pétrole (ONEP).
Le syndicat des employés s’inquiètent du départ de Shell qui «a créé et promu un environnement de travail d’une qualité exceptionnelle». «C’est ce monde qui va bientôt disparaître pour laisser place à un autre business mode rempli d’incertitudes sachant que le repreneur n’est pas de la même classe internationale que Royal Dutch Shell», a lancé le secrétaire général de l’ONEP, déplorant «un véritable préjudice moral» et exigeant «des indemnisations du préjudice subi.»

Le groupe anglo-néerlandais a décidé de vendre tous ses sites de production pour conserver uniquement ses permis en haute mer non encore exploités. Le montant de la transaction tournerait entre  600 millions et un milliard de dollars.

Mais, entre temps, l’arrêt du travail des salariés porte un coup dure au géant pétrolier qui a vu sa production se réduire progressivement. Lundi, l’ONEP a reconnu que depuis le début de la grève, «la société Shell Gabon a déjà perdu plus de 90.000 barils, ce qui correspond à une perte financière de 4,5 millions de dollars». Le syndicat se dit surpris de voir Shell accepter ces lourdes pertes au lieu de répondre aux attentes de ses employés.
Ceux-ci menacent de fermer carrément les robinets, devant l’intransigeance de leur compagnie. Ils demandent la médiation de l’Etat gabonais. Pour rappel, le ministre du pétrole, Etienne Dieudonné Ngoubou, a été placé sous mandat de dépôt pour détournement de denier public présumé. Il a été remplacé par un autre.
Shell est arrivé au Gabon en 1960. La production pétrolière de la compagnie a atteint environ 60.000 barils par jour à partir de ses cinq champs principalement terrestres, situés dans la région de Port-Gentil, la capitale économique et pétrolière du Gabon.

Les informations sont contradictoires quant à la reprise des employés par la nouvelle compagnie. Certaines sources annoncent qu’en principe le nouveau propriétaire devrait récupérer les 400 salariés, d’autres craignent, cependant, des licenciements.