France-Algérie : TotalEnergies fausse compagnie à Sonatrach et abandonne le mégaprojet pétrochimique d’Azrew

La major française TotalEnergies s’est retirée du projet de construction d’une usine de polypropylène à Arzew, près d’Oran dans l’ouest de l’Algérie, dans lequel elle s’était engagée à la faveur d’un accord conclu en mai 2018 avec l’entreprise étatique algérienne Sonatrach, portant sur le lancement des études d’ingénierie pour ledit projet.

D’après le média français «Africa Intelligence»  spécialisé dans l’information stratégique sur l’Afrique, TotalEnergies qui détenait 49 % du projet Arzew contre 51% pour Sonatrach, avait déjà l’intention de se retirer en août 2022, du mégaprojet algérien, mais elle avait ajourné cette décision pour ne pas gâcher la visite du président Emmanuel Macron qu’il avait entamée à Alger, le 25 août de la même année, précisant par ailleurs, que le retrait du groupe français s’explique par «le manque de rentabilité d’Arzew, l’attrait pour le Golfe et la lenteur du gouvernement d’Alger».

Mais après la fin de la lune de miel quelques mois plus tard, entre Macron et son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboun, le groupe français a finalement faussé compagnie à Sonatrach après s’être engagé le 15 décembre 2022, dans le projet plus rentable, d’une usine de polypropylène prévue à Jubail, en Arabie saoudite.

D’un investissement plus conséquent de 11 milliards de dollars, le projet saoudien a incité le groupe français à abandonner le projet d’Arzew, bien moins rentable, et dont les coûts de construction prévisionnels avaient entretemps, explosé de près de 50 %.

En plus le projet algérien ne représentait qu’un investissement d’environ 1,4 milliard de dollars réparti à hauteur de 51% pour Sonatrach et de 49% pour TotalEnergies, et comprenait une usine de déshydrogénation de propane (PDH) et une unité de production de polypropylène (PP) d’une capacité de 550.000 tonnes par an.

L’abandon du projet algérien s’explique aussi par le fait que TotalEnergie n’a pas digéré le refus des autorités algériennes de valider en 2019, le rachat par le groupe français des actifs algériens d’Anadarko – acquis par Occidental Petroleum (Oxy) -, ce qui n’a fait que crisper davantage les rapports entre TotalEnergie et Sonatrach.

Le geste du groupe français n’est pas un cas isolé dans ce pays maghrébin où ce sont les oligarques militaires qui tirent à l’ombre, les ficelles du pouvoir. De nombreuses sociétés internationales notamment de l’industrie automobile après s’être implantées en terre algérienne, n’ont pas tardé à lever le voile à cause de la bureaucratie, de la corruption et de nombreuses autres difficultés dans la rentabilisation de leurs projets.

D’ailleurs le groupe sud-coréen Samsung, qui faisait partie des trois sociétés ayant déposé une offre pour le projet d’Arzew, s’est rétracté en raison des coûts devenus hors de contrôle à cause vraisemblablement, de l’inflation.