Les autorités camerounaises assurent qu’il n’y a pas de discrimination linguistique dans le pays

Le ministre camerounais de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, a fait savoir qu’il n’y a aucune discrimination linguistique dans le pays, ni dans ses universités qui recrutent davantage d’anglophones que de francophones.

Cette déclaration fait suite au mouvement de grève décrété par les enseignants dans la ville de Bamenda (nord-ouest du Cameroun) qui dénoncent la domination de leurs homologues francophones sur le marché du travail, et la dilution du système anglo-saxon dans celui d’inspiration française.

La Cameroon Teachers Trade Union (syndicat) et la Teachers Association of Cameroon, à l’origine de la grève, ont précisément dénoncé, dans leur communiqué conjoint, la «francophonisation du système anglo-saxon d’éducation au Cameroun» et, en particulier, le déploiement d’enseignants francophones dans des écoles anglophones.

Après ce mot d’ordre de grève, des habitants de Bamenda, une des deux villes anglophones du pays, également fief de l’opposition, sont descendus dans la rue, lundi et mardi derniers, pour crier leur colère contre la dominance des francophones.

«Les francophones devraient quitter notre système. Nous avons nos propres moyens pour organiser notre système éducatif, nos propres moyens pour notre système de santé. C’est le moment pour notre liberté», revendiquait un manifestant au micro de l’agence Associated Press.

Mais la tension serait retombée ce mercredi après des affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre, qui se sont soldés par un mort, selon le gouvernement, trois d’après le décompte fait par l’opposition.

Officiellement, la Constitution camerounaise a adopté l’anglais et le français comme langues officielles d’égale valeur. Elle «garantit la promotion du bilinguisme sur toute l’étendue du territoire». Mais les anglophones, minoritaires au Cameroun, ont le sentiment d’être marginalisés. Depuis des années, certains parmi eux plaident, d’ailleurs, pour la séparation des territoires anglophones du reste du pays.

Les autorités ont déjà entamé les discussions avec les enseignants. Issa Tchiroma Bakary a déclaré que «sur les propositions fondées, le Premier ministre instruira son gouvernement pour qu’on leur trouve des solutions idoines.»